





























FESTIVAL
LES URBAINES
LAUSANNE
2010
More windows,
those useless eyes
Christopher Füllemann
Roaming
Domenico Billari
Doris Lasch & Ursula Ponn
Carlos Casas & OTTAVEN
Dragana Sapanjos
Eggerschlatter
Kerim Seiler
Luc Mattenberger
Luigi Presicce
Oliver Ross
Oppy de Bernardo
Curatorial
statement
Les Urbaines is a festival with a youthful, cross-disciplinary attitude. Until now, the programme, which touches on different levels of contemporary culture, had sought to develop a specific level for contemporary art and, in collaboration with independent spaces active in the Lausanne area, gave rise to an exhibition spread over several venues. From this year onwards, a new attitude is taking shape, with most of the artistic interventions contributing to a dynamic itinerary that increasingly exploits the public space and the relationship with the city. What interested us was taking on an attitude that is characteristic of us and that touches on several expressive genres without being easily classifiable. Our programme is presented not as an open-air art exhibition, but as a constellation of heterogeneous positions, or a series of windows that open onto a dilated temporality, revealing here and there the possibility of a different way of looking at the city, at the dynamics underway, which are slowly transforming the structure and fruitfulness of a district like Sévelin.
The utopian spirit, which can still characterise an artist’s work today, becomes here the site of a paradox, an echo that reaches out to us from afar and speaks to us of our shared experience and notion of time. The works and happenings of the various artists remain independent, yet work together to instil in the viewer a strange sense of aporia, where time assumes a random character (Seiler, Mattenberger, Lasch/Ponn, Sapanjos), fantasy and incontinence take precedence over the functions of a place or an institutional status (De Bernardo, Fullemann, Billari, Roaming, Ross), the ritual of everyday life connects with the spirit by touching on the deepest roots of our society, with worship and litany (Presicce, Eggerschlatter), while the notion of the representation of an unknown and distant reality approaches the banality of the near and known (Casas).

The main setting for this programme is the industrial district of Sévelin, one of the areas most sensitive to the urban transformation under way. However, utopia is not the theme here, but is simply applied by the artists’ interventions to a particular context, which is the very subject of our research. The Sévelin district offers a number of examples of heterotopia, with wastelands, disused factories and signs of recent urbanism superimposed in a wide-ranging stratification on other, less recent signs that are part of a different history. The disappearing industrial history speaks to us of a global situation, which is nothing new, but it is still a recent history whose disappearance carries with it consequences that risk projecting us back into the past; whereas the recent histories seem to want to speak to us of a near future where each function and each activity has its precise place, its reference image. As was the case for the adjacent Flon district, Sévelin is changing rapidly. Today, in the same context, there are administrative offices, numerous schools, the Sévelin theatre, a waste disposal site, the Arsenic theatre, a skate park, a design shop, a bar and numerous offices of independent operators.
At night, the district is known as the centre of the international bernarda. We are interested in this state of great latent potentiality, in which commercial and projectual interests coexist, in which everything is still possible and achievable. The idea here is to reinforce a feeling that everyone can understand and hear, of a dilated time that is coming to an end and at the same time reproducing itself in a perpetual loop.







Participating
Artists
Christopher Füllemann
Les formes exotiques qui se dégagent des sculptures de Christopher Füllemann sont le fruit d’une hybridation entre organique et inorganique, entre un monde enchanté et un autre plus monstrueux, voire grotesque. Le boulodrome de la rue de la Vigie, grâce à sa situation particulière est transformé en plateforme pour la présentation d’une nouvelle sculpture éphémère de l’artiste. L’étrange dimension spatiale de ce terrain, entre public et privé, ainsi que la possibilité d’expérimenter l’œuvre depuis plusieurs points de vue accentue son caractère sauvage et s’oppose à l’idée statique du monument public.

Oppy De Bernardo
Pendant les trois jours du festival, le pont Chauderon s’habille de trente-six drapeaux aux couleurs flamboyantes. Si d’une part leur apparence peut nous renvoyer à un imaginaire populaire, celui de la culture alternative, des mouvements sociaux et politiques, elle décèle d’autre part, de manière inattendue, une origine beaucoup plus institutionnelle. Le motif choisi par l’artiste est en fait le résultat d’un piratage dont la matrice est l’une des premières variantes du drapeau des Gardes suisses. Lors de la lente constitution de la Confédération dans sa forme actuelle et du sentiment de la patrie, ce drapeau a été un précis baromètre des équilibres géopolitiques que la Suisse tissait avec les autres pays.

Domenico Billari
L’artiste confie son rêve d’enfant au public qu’il sollicite pour le réaliser. Ce conteur en apesanteur prend son envol dans le hall du Musée cantonal des Beaux-arts, sous les impulsions des spectateurs encouragés par son humour et son esprit tout aussi légers. Dans son anglais teinté d’accent italien, il essaime de simples questions, interrogeant l’audace de chacun face à ses propres chimères. Il quitte le sol sous l’émerveillement enfantin de l’auditoire et retombe, en douceur, dans la certitude qu’il est possible de réaliser ses rêves.

Doris Lasch & Ursula Ponn
Doris Lasch et Ursula Ponn travaillent sur le statut de l’œuvre d’art. Leur démarche se fait sur un mode narratif où l’œuvre est mise en scène en tant que document. Le point de départ peut être une situation réelle, comme c’est le cas pour le projet élaboré dans le cadre des Urbaines. Les deux artistes allemandes font référence aux similitudes architecturales entre les espaces de la galerie Lucy Mackintosh et ceux des dépôts du Museo della Civiltà Romana de Rome, où 500 caisses contenant des repères archéologiques sont restés stockées, dans certains cas depuis la fin du 19ème siècle, sans qu’on n’en connaisse le contenu.

Carlos Casas
Tournés dans les périphéries extrêmes du monde civilisé – de la Tierra del Fuego en Patagonie à la Sibérie et du Karakalpakistan à la Tundra – les films de Carlos Casas questionnent les archétypes de la civilisation même, réduite à l’état d’atome et où l’homme vit dans des environnements aux ressources raréfiées. Plus qu’un témoignage documentaire l’auteur s’applique à l’enregistrement de la force dans la survie de ces communautés isolées, par une respectueuse immersion dans leur rythme et leurs rites. Le soin accordé au montage et au son en font une oeuvre qui dépasse la démarche ethnographique.

Dragana Sapanjos
L’artiste croate travaille sur les limites du supportable et les dynamiques dérangeantes. Par des installations et des mises en situation radicales, elle instaure un contact étroit avec le spectateur qui devient, par sa présence et sa perception, partie prenante de l’œuvre. Entre le public et le dispositif artistique s’instaure un jeu issu de la juxtaposition entre une connaissance des codes sociaux et une ignorance de fond là où la situation exige une maîtrise spécifique. Dragana Sapanjos investit le labyrinthe de béton que sont les abris de l’Arsenic, opposant l’imagerie militaire du bunker à celle de la musique pop.

Kerim Seiler
Globe-trotter, sculpteur, dans le sens classique du terme, architecte, dans la conception des structures qui engendrent ses œuvres, fils de 68, de la psychédélie et de l’art concret, Kerim Seiler est un artiste qui ne cherche pas à affirmer son œuvre par un concept, mais par une pratique empirique de la transformation des formes acquises. Son esprit nomade et les références à des cultures autres dévoilent une attitude visionnaire et hétéroclite, douée de synthèse et de transversalité. Il conçoit sur le toit de l’Eracom une sculpture lumineuse qui renvoie à la forme d’une horloge digitale et nous transmet une lecture du temps selon un système de codification aléatoire.

Luc Mattenberger
Luc Mattenberger est fasciné par les technologies modernes vouées à la disparition. Ses machines célibataires dégagent la sensation d’un danger potentiel et le mystère qu’elles émanent, leur bruit et leurs effluves, nourrissent un fétichisme autour duquel se concentre la conception plastique de l’artiste. Pour Les Urbaines, il réalise une sculpture qui diffuse dans le quartier de Sévelin un son inscrit dans notre mémoire collective mais qui n’a pas été expérimenté directement par les nouvelles générations. Ceci peut autant faire allusion aux sirènes industrielles qui marquaient le rythme du travail dans les usines qu’à une alerte à la bombe.

Luigi Presicce
À travers ses performances Luigi Presicce met en scène des rituels, des tableaux vivants et des cultes profanes. S’appropriant des symboles religieux, occultes ou populaires, l’artiste crée une hybridation de ces croyances et recherche une racine commune qui donne lieu à un sens renouvelé de la métaphysique. Durant Les Urbaines il investit la chapelle Guillaume Tell, donnée à la Ville en 1917 par un mécène français dénommé Osiris, monument bourgeois consacré symboliquement à un héros célébrant le patriotisme et une certaine idée du pouvoir.

Oliver ross
Chaque création d’Oliver Ross sollicite tant les sens que le psychisme, se déployant dans un foisonnement chromatique, un amalgame dense et débordant à travers lequel l’artiste nous propose de regarder le monde. En alchimiste, il procède à des assemblages obsessionnels de textures empruntées à des produits de consommation courants et dont les propriétés formelles deviennent les objets d’un processus de revitalisation organique. À travers des expériences pseudo-scientifiques ces éléments se transforment en fluide « décor-actif » et composent ensemble un Gesamtkunstwerk hallucinatoire.

Miimetal
Les plasticiens et musiciens Nik Emch et Laurent Goei créent des performances qu’ils nomment « soundsculptures ». Ils élaborent des scénographies très esthétiques grâce à la vidéo ou à la sculpture, qu’ils allient à la musique live dans un esprit « punk underground ». Leur métal qui n’est pas sans rappeler le post-rock, empreint des influences de Kyuss, Black Sabbath , des Stooges et du Velvet Underground, se mêle à un flot d’images dans une atmosphère étourdissante et agressive. Minimetal mélange l’art et le punk avec une attitude avant-gardiste tout en préservant le romantisme sombre du métal.

Eggerschlatter
Les plasticiens et musiciens Nik Emch et Laurent Goei créent des performances qu’ils nomment « soundsculptures ». Ils élaborent des scénographies très esthétiques grâce à la vidéo ou à la sculpture, qu’ils allient à la musique live dans un esprit « punk underground ». Leur métal qui n’est pas sans rappeler le post-rock, empreint des influences de Kyuss, Black Sabbath , des Stooges et du Velvet Underground, se mêle à un flot d’images dans une atmosphère étourdissante et agressive. Minimetal mélange l’art et le punk avec une attitude avant-gardiste tout en préservant le romantisme sombre du métal.

Roaming
Roaming est une série d’expositions organisées par le curateur Alessandro Castiglioni à partir d’une idée de l’artiste italien Ermanno Cristini. Elles se distinguent par la fugacité avec lesquelles elles sont présentées, par des éléments discrètement disséminés dans les angles, les interstices ou mélangés à d’autres oeuvres. Roaming s’immisce au Musée cantonal des Beaux-Arts et ne sera visible physiquement que le temps de son inauguration, avant de se dissoudre dans un second temps virtuel sur Internet (roaming-art.it). A l’ampleur des espaces Roaming appose le petit, à la foule du vernissage le vide, au temps accéléré de l’événement le retard.
